samedi 23 avril 2011

CHEVILLE OUVRIERE, avril 2011, MAM Galerie, Rouen.

La cheville ouvrière est communément la pièce maîtresse qui permet le bon fonctionnement d'un système ou bien encore l'individu, le maître d'oeuvre, sans qui la réalisation d'un projet est impossible. Pour sa première exposition, Morgane Fourey à choisie ce titre jouant de la double référence à l'exposition. C'est en entrant dans le décor qu'elle propose que l'on comprend bien entendu tout le sens recherché par la formule. De ce qui nous ai donné à voir, un instantané - qusi photograpique- d'un atelier parsemé d'objets hétéroclites manufacturés ou de matériaux bruts disposés ça et là dans le désordre organisé du lieu, une sorte de chantier inachevé.

L'osqu'on s'approche des différentes pièces, la première chose qui frappe c'est que tout est faux, l'illusion fonctionne à merveille, mais à ny regarder de plus près le vaste décor et l'omniprésence du trompe l'oeil saute aux yeux. Ici une planche peinte aux motifs du contreplaqué, là un buste sculpté qui semble fait de polysyrene, là encore une caisse à outils ornée de marqueterie.

Cette omniprésence du déguisement, de la parodie ou du travestissement de ces objets et de ces matières est un prétexte biensur à les regarder différemment. D'ordinaire identifiés comme banals ou vernaculaires, il se retrouvent ici transformés par d'habiles gestes de sculptures et de peinture, presque transfiguré. Morgane Fourey s'applique ainsi à reproduire les accidents des motifs et des reliefs des différentes matières.

On remarquera que le décor global de l'exposition, évoque un atelier, un chantier, lieu de transformation lui même lui mêm peulpé d'objets, matières en transition: en attente de transformation ou d'assemblage.

C'est justement dans le décoratif, dans l'artifice et l'illusion qu'intervient Morgane Fourey, dans cette absconse entreprise qu'elle déploie au fil de ses oeuvres, autrement hommage aux techniques historiques du trompe l'oeil. Mais attention il n'est pas question pour elle d'y d'introduire une forme de cynisme et d'ironie. Sa pratique artistique est plutôt mut par l'int"ret qu'elle porte au vernaculaire et à ses productions. C'est bien ici l'univers du travail manuel et ses matières premières qui est en jeu, sous sa forme libre, dans l'artisanat ou le loisir du bricolage que pratiquent ou pratiquaient beaucoup d'ouvriers.. Cependant qu'on ne s'y trompe pas, là où de ces pratiques naissaient des objets utiles ou pratiques, les oeuvres de Morgane Fourey sont autant d'objets issus de matériaux pauvres, stoppés en pleine transformation ne remplissant pas de fonction.

Ainsi contremaître d'une entreprise absurde, elle nous propose son cabinet de vanités ouvrières, révélant l'invisible poésie du Kitsch, du motif et du décoratif des matériaux. Au travers de ces oeuvres et au delà des qualités plastiques c'est surtout l'effet décoratif, sujet ubique autant que sensible de l'art contemporain qu'elle s'emploie, subtillement à développer et à explorer donnant lieu, après l'homo faber et l'homo ludens, l'homo décoratis autrement dit l'artiste.


Pierre Malachin